Un modèle d’une bonne gouvernance

Les régimes de la société

Au milieu de l’agitation sociale et politique qui entoure le logement, les personnes en position de pouvoir négligent les conversations visant à mettre fin aux problèmes associés à la crise du logement qui s’infiltre dans tous les aspects de nos communautés. Ce sont les gens – des organisations comme Aspire for Higher (A4H) – qui sont aux premières lignes et qui tentent de participer à la réforme de la conception des communautés autochtones, noires et racialisées. Comment pouvons-nous mobiliser des ressources pour répondre aux besoins d’une communauté négligée en matière de logements et de services?

L’accès aux soins de santé, aux logements abordables et aux ressources communautaires est une préoccupation majeure pour les communautés noires, autochtones et racialisées. Reconnaissant le lien entre ces éléments importants, Eldon Holder, vice-président de l’impact social et de l’engagement auprès des parties prenantes d’Aspire for Higher (A4H), a été inspiré à unir la communauté pour répondre à ces besoins urgents.

« Les activités que nous avons entreprises dans le cadre de ce projet comprenaient une approche à plusieurs étapes visant à concevoir, analyser, structurer, commercialiser et mettre en œuvre un produit d’obligations communautaires pour le projet immobilier à vocation sociale d’A4H. »

Il est étonnant de constater que, parfois, un sentiment de devoir peut exiger que les gens s’investissent davantage, les poussant à devenir des activistes et des catalyseurs du changement dans les systèmes qui les ont laissés tomber. Alors que les abondantes limites dans les domaines de la santé, du logement, des ressources, de l’insécurité alimentaire, de la précarité de l’emploi et autres demeurent une préoccupation importante pour le grand public, il semble que les personnes en position de pouvoir aient moins à cœur de s’attaquer à ces facteurs et de les rendre accessibles à tous. Ces problèmes sont les régimes de la société, souvent amplifiés par les systèmes de castes où les différents statuts économiques déterminent qui en bénéficie le plus.

Connexion et croissance

En garantissant une meilleure compréhension, nous comblons les écarts culturels. Les fossés révèlent le manque de compréhension des besoins communautaires, ainsi que des causes et des effets de la négligence. Aspire for Higher vise à faire une différence en montrant l’exemple et en faisant preuve de compassion à l’égard de ceux qui contribuent à la société par l’intermédiaire de leur travail. Cet organisme crée un précédent pour la perception de la communauté et enhardit la bonne gouvernance.

Grâce au soutien, Aspire for Higher a entrepris de mener une stratégie de conception de l’engagement communautaire afin de cerner les besoins de la communauté et de définir l’ampleur du projet de logements abordables et de services de bien-être.

« Notre approche globale nous a permis de créer un modèle durable et inclusif de développement immobilier à vocation sociale. »

Le refus des demandes du peuple par les systèmes provoque des sentiments de déception et de frustration, ce qui favorise un sentiment de détachement par rapport à la communauté. Les gens peuvent se sentir marginalisés et exclus, comme s’ils avaient été repoussés à la périphérie. Il est de plus en plus préoccupant de constater qu’une société qui néglige certains types de communautés cherche à embourgeoiser non seulement les lieux, mais aussi les personnes, érodant ainsi la diversité et l’individualité.

La crise du logement a un effet disproportionné sur les communautés noires du Canada. Elles sont typiquement celles qui sont le plus souvent logées sous le seuil des besoins essentiels en matière de logement et qui rencontrent les plus grands obstacles. Dans certains cas, il leur est impossible d’accéder à un logement. Nous avons pour mission de relever ce défi en construisant, en acquérant et en rénovant des logements pour répondre aux besoins des Noirs et d’autres groupes marginalisés. L’augmentation du financement nous aidera à le faire et à faire avancer cette cause.

Une stratégie axée sur la communauté permet aux habitants de se sentir appréciés, mais aussi de préserver l’identité du tissu physique des quartiers. L’apparence extérieure des espaces est le miroir du cœur et de l’âme des gens.

En demandant aux habitants de participer au processus de conception, nous avons pu apprendre ensemble. Le projet suscite désormais un sentiment d’appropriation et de fierté au sein de notre réseau de familles et de membres communautaires. Nous espérons que cette responsabilisation mènera à un engagement accru de la communauté en faveur de la réussite du projet.

« Nos projets pour l’avenir de l’organisation sont triples : nous avons pour mission de construire un centre de bien-être pour les communautés et familles noires afin qu’elles puissent avoir un accès global à des services de santé. Au cours des trois dernières années, nous avons mis en place un réseau de professionnels de la santé noirs et lancé l’annuaire des professionnels de la santé noirs afin que les personnes puissent trouver ces personnes qui s’identifient à leur milieu professionnel. La prochaine étape consistera à construire un établissement qui accueillera ces personnes. »

La récolte des semences

La mission d’Aspire for Higher se veut générationnelle. C’est l’exemple même des rêves réalisés. Les membres de la communauté cherchent le confort et le réconfort dans les endroits qu’ils fréquentent et les maisons qu’ils appellent leurs foyers. Aspire for Higher, qui s’efforce à faire une plus grande différence au sein des communautés noires, incarne la valeur de la bonne gouvernance et joue parfaitement son rôle qui vise à façonner nos efforts collectifs en matière d’activisme communautaire. Nous pouvons tous contribuer aux graines qu’ils ont semées. 

J’ai participé au travail de mise en place de la fondation et j’ai fait beaucoup de travail communautaire pour réaliser un tel projet. C’est l’occasion de voir les graines que nous avons plantées il y a cinq, dix, quinze ans se matérialiser en quelque chose de très réel et de très tangible qui, je l’espère, sera utile à la communauté pour les générations à venir. Personnellement, c’est une victoire dans un jeu de longue haleine.

Se frayer un chemin dans le système alimentaire fragilisé

L’importance de la reconnaissance

La lutte contre l’insécurité alimentaire est rigoureuse, car l’écosystème alimentaire mondial est truffé de préjugés. Les entrepreneurs alimentaires noirs sont confrontés à des épreuves humiliantes lorsqu’ils cherchent à obtenir de l’aide et du financement. En fait, ils sont aux prises avec un système qui les empêche de progresser. Les données révèlent que les Noirs ne sont représentés qu’à hauteur de 4,9 % au sein de l’industrie alimentaire, ce qui met encore plus en évidence la dure réalité de leur marginalisation. Ils sont considérés comme des citoyens de deuxième ordre. Il s’agit d’un rappel retentissant des préjugés systémiques qui sapent la reconnaissance de l’importance historique des entrepreneurs noirs et qui perpétuent leur exclusion de l’industrie.   

Janice Bartley, fondatrice de Foodpreneur Lab, souligne l’importance de l’accès aux terres. Elle décrit les obstacles auxquels sont confrontés les entrepreneurs alimentaires noirs. Ces obstacles délibérés, qui sont souvent des formalités administratives imposées aux agriculteurs noirs, les empêchent d’obtenir des fonds, ce qui crée davantage de retards dans le système. Le Foodpreneur Lab est une plateforme numérique qui vise à mettre en relation des entrepreneurs et fournisseurs alimentaires noirs avec des producteurs de biens de consommation emballés. Mme Bartley conçoit Foodpreneur comme le premier carrefour de connaissances sur l’alimentation, un lieu où l’on trouve des informations précieuses, des ressources abondantes et un réseau de membres qui se soutiennent mutuellement. 

Constatant qu’on demande une réforme du système alimentaire complexe à l’échelle nationale, Mme Bartley s’est trouvée en position d’aider à simplifier le parcours des entrepreneurs alimentaires noirs.

Nous essayons de minimiser les risques pour eux, de leur apprendre à quoi ressemble l’écosystème alimentaire et où se trouvent les occasions de croissance.

Forte de trois décennies d’expérience dans le domaine de l’entrepreneuriat et de la gestion d’accélérateurs et de pépinières d’entreprises, Mme Bartley est bien placée pour offrir des connaissances, ainsi que soutenir et aider les personnes en situation de vulnérabilité à accéder aux bonnes ressources.

Un récit de prise en main

Lorsque les données indiquent que vous ne représentez qu’une fraction d’un échantillon plus large, il peut être facile d’intérioriser cette situation et de penser qu’il s’agit d’un reflet de votre valeur, d’une représentation en quelque sorte de qui vous êtes et de combien vous contribuez. L’impression que vous avez des possibilités qui s’offrent à vous et de votre potentiel devient alors limitée.

Les enseignements historiques associent souvent l’histoire des entrepreneurs noirs à celle de récits de prise en main, perpétuant ainsi l’idée que le succès ne peut être obtenu que par l’effort individuel. Ce récit ne tient pas compte des structures systémiques qui perpétuent l’inégalité, en veillant à ce que, pour que quelqu’un atteigne le sommet, quelqu’un d’autre doive inévitablement occuper le bas de l’échelle.

Dès lors, comment pouvons-nous transformer le récit de prise en main en récit où les agriculteurs noirs sont intégrés dans un contexte plus large où les règles du jeu sont les mêmes pour tout le monde et où des pratiques équitables sont adoptées? Où un soutien et un mentorat adéquats garantissent l’accès aux terres? Quand les agriculteurs noirs seront-ils reconnus comme des partenaires essentiels à la production d’aliments de qualité et à l’élimination des carences d’un système alimentaire défaillant?

Foodpreneur Lab a soutenu 154 agriculteurs noirs partout au Canada. L’entreprise a créé des liens au sein d’une communauté qui a pu partager des expériences similaires lorsqu’il s’agit de naviguer dans l’industrie alimentaire. Afin de mieux comprendre ce que vivent les entrepreneurs noirs, l’entreprise a mené l’étude Africulture. Cette étude met en lumière leurs contributions méconnues au paysage agricole. L’approche a consisté en une analyse documentaire, un sondage sur la sécurité alimentaire et des groupes de discussion.  

Les points de vue que nous avons entendus des 1000 Canadiens noirs sur la sécurité alimentaire ont mis en lumière une riche mosaïque d’expériences, soulignant la diversité des défis à relever. Mais ce qui aura peut-être le plus d’impact, c’est l’élaboration des recommandations issues de ces dialogues, méticuleusement adaptées aux désirs et aux besoins particuliers des agriculteurs noirs. Plus que de simples données, il s’agit de l’essence même de la compréhension, de l’empathie et de l’engagement à créer des changements positifs. À la base, nos réalisations vont au-delà des statistiques – elles incarnent un lien authentique, un récit partagé et une feuille de route pour un avenir plus inclusif et plus favorable pour les agriculteurs noirs du Canada.

Le pouvoir de la persévérance

Selon Mme Bartley, « la nourriture est la nouvelle monnaie. » L’insécurité alimentaire représente également un aspect important des difficultés économiques, en particulier lorsque l’accès à des options abordables et nutritives est restreint dans certaines communautés. Les agriculteurs noirs cultivent des produits alimentaires pour alléger le fardeau de l’insécurité alimentaire. Cependant, beaucoup d’efforts doivent être déployés pour dénoncer ce dilemme dénigrant. Il faut que les voix d’une communauté s’élèvent pour exposer et exprimer les expériences vécues dans le contexte de cette crise.

Personne n’écoute. À un certain moment, plus vous parlez, plus les gens commencent à vous écouter. Parce que vous ne disparaissez pas.

Les consommateurs doivent surmonter des obstacles inutiles pour avoir accès à un système alimentaire fragilisé. L’accès à des aliments de qualité abordables est un droit humain fondamental. En outre, les agriculteurs noirs doivent pouvoir cultiver des produits qui correspondent à leur héritage culturel et qui nourrissent leurs communautés. Comme le dit si bien Mme Bartley : « humaniser et légitimer. »